Traverser l'Atlantique avec un voilier de 11 metres, on l'a fait!

Qu’est-ce qu’une traversée de l’Atlantique?



Départ, 5 Décembre, on se lève, on range le bateau, on déjeune, on se débarbouille….mais notre esprit n’est pas si léger que ça. Nous essayons de ne pas penser au temps que l’on va passer sans voir la terre, entre 15 et 20 jours; sans pouvoir y mettre les pieds, et surtout sans pouvoir échanger de nouvelles avec les proches….


Nous sommes enveloppés de mystère tant par cette épreuve, c’est la première fois pour nous deux, que par l’harmattan, ce vent de sable du Sahara qui enveloppe totalement les îles du Cap Vert depuis ce jour de départ!


Nous ne verrons pas à plus d’un mile pendant près de 3 jours! Incroyable, il y a du sable ultra-fin partout dans les moindres recoins du bateau, c’est très très très sec et désagréable!
Nous attendrons la pluie avec impatience!
Sinon, que fait-on pendant une traversée?


On pêche, et la pêche sera bonne en ce début de croisière, et les daurades bienvenues dans nos assiettes!! Nous perdrons quand même 3 octopus (leurres) et hameçons qui se sont détachés de la ligne avec le poisson trop gros (il y a donc des poissons avec piercing au milieu de l’océan!)


On lit, on écrit, on surveille le bateau (check up des points vitaux tous les jours). On ne rate pas le rendez-vous quotidien avec la météo de RFI à 11h30 TU qu’on capte grâce aux ondes courtes et à une antenne spéciale, on se lave avec des seaux d’eau de mer, on se protège du soleil, on joue, on se protège des grains, on médite (sur nous, la famille, le monde et ses problèmes, l‘univers, etc.…), on discute (on refait le monde justement), on barre, on fait le point sur la carte « Route du Rhum » assortit de calculs de distance parcourus et restant à parcourir, on fait des siestes, beaucoup de siestes, mais surtout on regarde autour de nous.


On regarde la course du soleil, ses magnifiques levers et couchers qui se décalent chaque jour plus tard (c’est rigolo de le rattraper), et la mer, ou plutôt l‘Océan, qui change sans arrêt de forme et de couleur. On regarde les étoiles et la lune et leur course à travers le ciel. On admire les dauphins et les poissons volants. On joue avec les oiseaux, les océanites, les pailles en queue, mais surtout les fou de bassan qui n’hésitent pas à voler tout près du bateau, si près que ’’Foufou’’ s’invitera à bord après moult tentatives d’atterrissage sur le panneau solaire!


Chaque jour est différent, on passe de la pétole (pas de vent…) aux grains tumultueux, puis on retrouve un vent régulier et ça recommence, pétole, grains, vent régulier…et ciels bleus et ciels nuageux, le soleil est très très fort!


La nuit, notre dieu du sommeil, le radar (à ce titre nommé Morphéus), se met à sonner à l’approche de la pluie comme s’il s’agissait d’un autre bateau. Il faut alors se lever, mettre la veste de pluie, réduire la puissance des voiles, et attendre que ça passe (sauf que parfois le vent est trop fort pour le régulateur, il faut alors prendre la barre dans ce qu‘on appel ’’la piaule’’ (vent fort avec pluie, la fête quoi), heureusement qu’il fait toujours chaud et que ça ne dure jamais bien longtemps, c‘est déjà ça...


Les rôles des 2 membres d’équipages se sont naturellement établis, sans concertation préalable, et la cuisine a été toujours bien tenue! Tous les jours, dès le réveil nous avions droit au pain grillé avec du beurre et des œufs, le ptit café, le ptit thé, un bon déjeuné (exemple dorade-ratatouille), puis un bon diner (exemple patates sautées-saucisses suivi de crumble pomme-banane poire). Il ne faut pas oublier LA ptite bibine et le ti-punch-couché de soleil du capitaine, la cuisinière étant beaucoup plus sobre!


Nous avons de nouveaux amis et ne sommes plus seulement trois en voyage (Fidji, Isabelle et Patrick). Nous comptons beaucoup sur nos équipiers: Antoine le régulateur qui barre beaucoup pour nous soulager, Morphéus le radar qui nous prévient des grains et des autres bateaux (très rares) que l’on pourrait croiser, Le Poste de radio ondes courtes qui nous informe chaque jour de la météo et des informations internationales (RFI), Popeye le moteur 50CV qui nous sort de la pétole (mais juste ce qu’il faut car on n’a que 200 litres pour toute la traversée) et recharge les batteries en association avec le panneau solaire.

Pètzouille le moteur de l’annexe…N’oublions pas la Grand Voile, le Génois et le Spi!!! Vent arrière, vent de travers les voiles se relaient pour faire avancer Fidji!


Et on avance, parfois doucement, parfois bien vite, Fidji est un bon bateau!
En bilan des pertes et pannes nous n’avons pas grand choses à dire, l’alternateur rapporté ne charge plus, 3 octopus et quelques plombs, 1 tuyau d’arrosage, un embout de douchette, un par-bat’ percé, un cache de feu de poupe, quelques pinces à linge…


Il y a cependant pas mal de choses à revoir, à acheter, à bricoler, à modifier (faux contacts prise allume cigare, enrouleur de génois qui coince, annexe qui prend l’eau, vernis à refaire…..la liste est longue……)



17 jours, 17 nuits et 3 heures, et nous arrivons au mouillage de la plage de Ste Anne en Martinique! Quel bonheur, pour la première fois nous sentons que la terre à vraiment une odeur, c’est surtout l’odeur de la verdure, car ici, c’est vert!!!





Nous sommes heureux de l’exploit accompli, heureux de la fiabilité de Fidji, heureux de pouvoir enfin prendre et donner des nouvelles à tout ceux qu’on aime! Heureux d’être ensemble et d’ être toujours aussi amoureux! Et heureux que le roulis s’arrête!!



Nous avons prévu un long stop ici aux Antilles, car il nous faut absolument remplir la caisse de bord, nous allons donc retrouver la vie professionnelle, et le plus vite sera le mieux!



Nous mettrons à jour notre blog pour vous faire découvrir les Antilles ainsi que notre boulot de skipper-hôtesse des Antilles sur des gros catamarans!!












Bisous à tous à très bientôt!!!!!!!

Une semaine au Cap Vert....

Après 7 jours de mer, nous sommes donc arrivés dans la ville de Mindelo, sur l’île de Sâo Vicente, nous y passeront 2 jours. Visite de la ville. C’est à la fois pauvre et en pleine expansion, ça grouille de vie, les pêcheurs passent avec des gros thons de 2 mètres pour les amener au marché, les magasins, banques, bars, usines fonctionnent bien, les maisons sont colorées.. Et, ce qui nous étonnera beaucoup, beaucoup parle un excellent Français! (Ils l’apprennent à l’école en fait). Ils nous accostent tout de suite pour nous vendre ou nous proposer diverses choses (colliers, bracelets, T-shirts, marijuana, tour de l’ile en voiture, etc….), ou évidemment pour nous demander de l‘aide parce qu‘ils n‘ont rien, c‘est l‘Afrique, on y meurt de faim. Il semble cependant que le Cap Vert a de bonnes cartes en main pour s’en sortir, notamment celle du tourisme, qui se développe, mais aussi celle de la stabilité politique et ainsi de la sécurité!!
Après quelques achats et séances téléphone et internet, nous avons rejoint le mouillage de la Baia Sao Pedro, à 3 heures de Mindelo, histoire de s‘éloigner de toute cette effervescence. C’est surprenant! À gauche un petit complexe hôtelier assez sobre mais bien vert, à droite un village coloré de pêcheurs et au milieu l’aéroport et sa piste d’atterrissage qui part du bord de la plage! Le tout bordé par des montagnes arides, comme des esprits de pierre veillant sur la vie qu’ils entourent. Un vrai couloir à vent, pile dans l’axe des alizés, ce qui le régule et le fait accélérer très fort, conditions exceptionnelles pour la planche à voile ou windsurf pour les intimes anglophiles (ça fait mieux). Nous y serons seul pendant 4 jours!
Il faut vraiment aimer le vent pour se mettre là! Nous mouillerons 60 mètres de chaine pour être tranquille et que Fidji ne dérape pas sur son ancre.
L’eau est plate, et bleu turquoise comme aux Antilles!
Il faut s’entrainer, mais une fois la technique acquise, c’est un jeu d’enfant de gréer une voile de planche sur Fidji!! Plus besoin de partir de la plage! On gagne donc pas mal de temps!
Dès le départ, c’est à fond, (ou à donf comme on veut)!!!Quelles sensations!! Du réveil au couché le captain tire des bords parallèles à la plage à toute vitesse, et ne s’arrête que pour manger un morceau de chocolat et boire un coup vite fait! De temps en temps, un avion qui se pose sur la piste survole la planche à voile lancée à pleine vitesse, c’est super.
Un jour, le week-end, il y aura même 2 autres planchistes pour accompagner le Pat, mais ils seront rentrés chez eux que notre excessif de skipper sera toujours sur l’eau!
Résultat, 2 belles ampoules aux mains et une progression technique énorme, comme quoi la progression se compte en heures, et pas en années (ouais moi ça fait 20 ans que je fais de la planche ou du ski ou autre ne veut donc rien dire…)
Et Isabelle la belle en profite pour nager, lire, écrire, regarder la vie dans le village, les bateaux des pêcheurs qui partent tôt le matin et rentre en milieu d’après midi accueillis par toute la communauté. Cette même communauté qui part à l’église en dehors du village, le désertant totalement, et qui fait résonner la musique jusque tard dans la nuit!
Nous y serons accueillis à bras d’enfants ouverts et notre annexe sera gardée par tout un groupe pendant notre promenade et baignade dans cette eau si belle!
Nous ferons connaissance avec Chisca (60ans et une sacré forme physique), qui a passé l’après midi de la veille à faire de la planche à côté de Pat.
Nous offrons peluches et ballon de foot, crayons et cahiers aux enfants…seront-ils assez sages pour le partage?
Une dernière douche au savon de mer à l’arrière du bateau avant de partir, et là, tout d’abord une grosse frayeur, avant de reconnaître une magnifique raie Manta de 2 mètres d’envergure au moins!!!!!!!! Elle est magnifique accompagnée de ses 2 poissons pilotes. Nous avons nagé avec elle (de loin quand même). Quelle expérience!
Puis nous avons, à contrecœur, quitté cette inoubliable Baia de Sao Pedro pour rejoindre Mindelo à nouveau, afin d’y faire les pleins d’eau et de gasoil. Il faut nous préparer pour la traversée de l’Atlantique. Espérons que les alizées soient déjà bien établis, quand faut y aller faut y aller…