Sur la route de Bonaire 1ère partie Les Testigos et La Blanquilla!

Salut à tous!!!! Nous voilà arrivés à Bonaire!

Nous venons de passer, depuis notre départ de Grenade, un mois exceptionnel. Nous avons découvert des variations de bleu que nous ne soupçonnions même pas, nous ne pensions pas qu’on pouvait voir autant de différences dans une simple couleur….
Au Roques et aux Aves, les immenses lagons reflètent si fort le bleu turquoise, que les quelques cumulus dans le ciel se tintent à leur tour d’un léger turquoise! C’est surprenant!
Autre chose, jamais nous n’avons connu un aussi beau temps pendant aussi longtemps. Depuis Grenade, nous n’avons eu qu’une seule averse de quelques minutes! Un mois sans pluie! Quand on est habitué à recevoir plusieurs grains par jour, en Martinique c‘est souvent le cas, ça change! Et c’est pas mal, on aime assez…


En tout cas, malgré le temps que nous avons passé seuls sur Fidji depuis Grenade, nous n’avons pas fini le récit de cette aventure.
De toute façon, nous n’arrivons pas à en réduire la taille, car nous aurions encore tellement plus de choses à raconter que ce que vous allez lire. Alors voilà, nous allons publier le récit de ce trajet en 2 parties:

Voici la première: Départ de Grenade, Los Testigos et La Blanquilla, Venezuela!! La deuxième partie, avec les Roques et les Aves suivra bientôt!

8 Septembre 2009, il est 17h30, le vent souffle, la mer est un peu agitée, le soleil approche de l’horizon. Nous levons l’ancre! Et quittons avec Grenade tout l’archipel des Petites Antilles…Nous allons nous laisser glisser vers l’Ouest, dans les alizés et son courant d’environ 2 nœuds! Comme lors de la traversée de l’Atlantique, le demi-tour ne peut pas être envisagé, car le vent et le courant dans le nez, l’entreprise deviendrait une vraie galère…

Au revoir Grenade et merci pour ton accueil! Nous avons passé un mois magnifique! Aux revoir les Antilles, nous pensons fort à toutes les aventures que nous y avons vécus…

La navigation de nuit (car il faut arriver de jour) se passe bien, 100% à la voile, au petit largue, nous battrons sans nous en rendre compte tous nos records de vitesse GPS grâce au courant, près de 9 nœuds de moyenne!!!!!!. A 5h00 du mat’, les yeux enfarinés, nous arrivons aux Testigos!

1. Los Testigos:
Nous sommes accueillis par des milliers de frégates impressionnantes! Elles tournent en planant autour des voiles alors qu’à l’Est le soleil entame son ascension paré d’un rouge orangé flamboyant.
Nous sommes épuisés par cette nuit blanche mais nos sens ne sont pas altérés et nous apprécions ce nouveau paysage qui se dessine devant nos yeux.

Nous glissons entre l’île Iguana et Testigo Grande, affalons la voile et démarrons le moteur. Mais en s’approchant du mouillage un sifflement bizarre, …“le moteur a un problème ou quoi?” notre captain remet au point mort, le sifflement continue… c’est incroyable…. C’est l’île qui siffle! Il doit y avoir des milliers de cigales ou/et grillons et comme un chœur ils sifflent ensemble au petit jour comme pour paraître la respiration de l’île, nous les entendons malgré le moteur à plus de 200 mètres…

Nous avons descendu le pavillon de Grenade pour faire flotter celui du Venezuela, toujours préparé grâce aux super feutres à tissus de Cathy.

Ici on ne parle plus anglais mais espagnol, “ahora estamos en Venezuela y hablamos Espanol aqui“…et là, nous sommes nuls! Pour l’instant, car nous avons une méthode à bord avec un livre et 3 cassettes, et on s‘y met à fond, tous les matins!

Il y a beaucoup de monde, des dizaines de tentes sur la plage, ça sent la fête et les pétards éclatent déjà à cette heure matinale. Les bateaux sont tous décorés de leurs grands pavois……..Et de petites embarcations en forme de barques toutes fines et très relevées à l’avant font rugir leur moteur et bondissent sur les vagues telles des chevaux sauvages.

En fait, sans le faire exprès, nous arrivons en pleine fête de la Vierge….également patronne des marins apparemment…Les festivités durent une semaine et les gens viennent de loin jusqu’aux iles car c’est donc aussi les vacances pour les gamins…
Et nous qui cherchions du calme!
Vers 8 heures, après une très petite sieste, nous allons signaler notre arrivée aux autorités. Et les formalités se font simplement et courtoisement, ils notent notre passage et nous donnent 48 heures avant de quitter les lieux pour faire une entrée officielle dans le pays... (Nous resterons finalement 3 jours)
Ensuite, nous changeons de mouillage pour visiter le secteur et dormir un peu. Il y a « beaucoup » de bateaux français ici, il y a environ une dizaine de voiliers au mouillage.
Et puis il y a les bateaux vénézuéliens qui ont du servir à emmener tous ceux qui veulent fêter la Vierge ici! Nous descendons sur la plage, l’eau est bien plus froide qu’à Grenade.

Ici pas de forêt tropicale, pas de parfum épicé, pas d’eau douce! La végétation est composée de cactus et plantes grasses, et de quelques bouquets de buissons aux feuilles bien vertes et résistantes à la chaleur et au manque d‘eau. Le relief s’élève à 800m sur Testigo Grande, qui fait a peu près 4 km de long par 2 km au plus large, avec une forme d‘avion à une aile….
Nous remarquons un petit troupeau de chèvres sur le flanc de la colline, où boivent-elles? Question toujours sans réponse aujourd’hui…

C’est incroyable tout ce monde ici, il fallait le faire quand même, arriver juste au moment de cette fête! Toute la journée les barques à moteurs puissants vont sillonner le bord de la plage et passer entre les bateaux et les baigneurs à très grande vitesse.
Si nous sommes restés impressionnés les premiers quarts d’heure, nous sommes de plus en plus ennuyés par ce bruit incessant et ce gaspillage d’essence… notre premier contact avec le tourisme vénézuélien nous déçoit quelque peu…

Ils ont jusqu’à 3 moteurs hors-bord de 75 CV ou plus sur des toutes petites barques, et jusqu’à 4 ou 5 tonneaux de 100 ou 150 litres d’essences chacun pour pouvoir tourner en rond à fond toute la journée!
Il parait qu’on peut trouver les 200 litres de gasoil pour 5 Euros au Venezuela!!!! Après, faut voir la qualité du fioul et combien de temps le moteur peut y survivre. Dans tous les cas, le fait est que comme c’est pas cher, les gens adorent tourner en rond toute la journée, du matin au soir, dans leurs barques…Cela nous laisse perplexe….

Le lendemain, nous partons faire un tour façon’’Indiana Jones’’ dans la pampa de cactus. En débarquant sur la plage, quelle horreur! Elle est jonchée de déchets d’emballages alimentaires en tous genres. C’est une catastrophe, pas un mètre carré sans un déchet humain, dont beaucoup de canettes de bière bleue Polar Light….
Ah, ben elle doit être contente la vierge…

Un fou de Bassan s’approche de nous, pas farouche, il semble partager notre mécontentement sur la nature humaine en groupe. On fait des photos moches pour notre collection…quand un petit homme trapu aux cheveux et barbe blanche nous interpelle. Il porte un short trop grand retenu par une ceinture et une polaire, pourtant il fait drôlement chaud.…il s’appelle Julio et habite ici (il doit y avoir une centaine d‘habitants aux Testigos). C’est très dur de communiquer, mais il parle vraiment beaucoup, du coup nous comprenons qu’il est très fâché du comportement de tous ces gens qui viennent les bateaux pleins de victuailles et qui repartent en laissant tous les restes sur ses plages…

Il nous invite à discuter dans la casa de son amigo Chun-Chun (connu d’ailleurs comme le loup blanc chez les voyageurs à voile…), parti pêché du poisson pour son fou de bassan apprivoisé….qui ne veut pas pêcher tout seul, faut le faire quand même pour un fou de bassan, ces infatigables voltigeurs et plongeurs (nous apprendrons plus tard que 80% des fous de bassan meurent de faim, et oui le poisson se fait rare)!!

Cette casa ressemble à tout sauf à une maison, c‘est plutôt une cabane améliorée. Il dort dans un hamac et tout est fait de bric et de broc, récupération recyclée en table, étagères…. Photos jaunis par le soleil, etc…mais il y a aussi un petit groupe électrogène tout neuf...
Il y a 3 chaises de jardin et nous nous asseyons et essayons de discuter. Le fou de bassan s’appelle Tito (comme le dictateur?!?!) et se dandine jusqu’à nous, nous sommes chez lui!
Il n’est pas commode, doit vouloir son poisson, et égratigne le tibia d’Isabelle de son bec tranchant.

Julio le somme de partir, mais pas si simple, il n’en a pas envie. Heureusement il se détournera de nous grâce au retour de Chun-Chun avec son petit-déjeuner….

Puis, fatigué de ne pas réussir à nous exprimer en Espagnol, mais content d‘avoir essayé, nous partons à la découverte de l’île. Nous trouverons des véritables forêts de cactus, des frégates, des fous qui eux, pèchent, et des chèvres, se faufilant à travers les cactus ou sautant de rochers en rochers.
En revenant de la balade, Julio nous attend sur un rocher. Il est très sensible aux bonnes vibrations du cristal de quartz, et nous montre où en prendre un morceau pour en emmener sur le bateau, « c‘est très important les bonnes vibrations » nous dit-il!

Nous ferons le lendemain une autre balade, pour monter sur la seule dune de sable des parages. Elle est haute et le sable est brulant! De là haut la vue est splendide! On voit les 2 cotés de Testigo Grande…la cote au vent est bordée d’une très large plage sur laquelle viennent pondre les tortues (en Novembre)…C’est vraiment spécial comme endroit, et on se demande comment s’est formée cette dune immense entre toutes ces pierres…
La vie est partout, sobre mais omniprésente, lézards, tortues, grillons, frégates, pélicans, hirondelles, coulicou, tournepierre, etc…

Mais, comme d’habitude, la touche violente apportée par l’homme, ses déchets. Canettes vides, sacs plastique, bouteilles en tous genres, emballages de gâteaux ou chips, et cette fois là, une couche de bébé usagée…Et un peu plus loin, toujours ces barques qui tournent en rond à toute vitesse…

…Oh, mer nature, toi qui sais si bien nous accueillir et nous combler, que penses tu de nous?!

Nous quitterons les Testigos à minuit, sur la pointe de la quille pour ne pas réveiller le bateau voisin, afin d‘arriver en début d‘après midi à La Blanquilla.

Les Testigos seront sûrement nettoyés après la fête, et retrouveront leur calme, mais cela ne nous rassure pas vraiment, l’homme nous inquiète.

La nuit sera très belle, la lune se lève vers 1h du matin, Fidji file bon train avec 1 ris dans la GV et le génois tangonné. Le courant est toujours fort si bien que nous naviguons à 8 nœuds, mais nous ferons tout de même la moitié du trajet (6 heures) avec l’appui du moteur à cause du vent un peu trop mou...

Après le lever du soleil nous reconnaissons le son particulier que font les dauphins quand ils soufflent, et ils sont là, toute une famille, peut-être 15 ou plus, dont un bébé bien collé contre maman et plusieurs jeunes. Ils vont rester un bon moment à jouer avec la vague d’étrave, nous sommes tellement contents de les voir! La mer repasse du vert au bleu. Il fait chaud mais la brise est agréablement rafraichissante.
Nous installons le taud afin de nous mettre à l’abri du soleil. Nous naviguerons à la voile dans le calme absolu pendant quelques heures, à petite vitesse, on passe entre quelques jolis cailloux appelés «Los Hermanos » , c’est génial. Nous essayons de pêcher mais les fous de bassan plongent comme des fous sur notre leurre, et nous avons peur d’en accrocher un…

2. La Blanquilla:
Elle est plate comme une crêpe ! Bonne raison pour en faire: des crêpes!
Nous contactons par radio VHF la station des gardes-côtes locale (ils sont bien planqués eux, nous sommes à environ 100 km de la côte du Venezuela…) qui nous indiquent le mouillage autorisé (toujours en Espagnol…). Cette fois même pas besoin d’aller les voir, et ils ne viendront pas non plus durant les 4 jours - 3 nuits que nous avons passé à Blanquilla…

Lorsque nous nous retrouvons au mouillage avec 3 autres voiliers. On ne peut que rester sans voix! C’est encore un nouveau bleu qui s’offre à nous! Un bleu plus puissant encore que celui des Tobago Cays! La plage est magnifique, le sable d’un blanc immaculé! Quelques patates de corail effleurent l’eau translucide!
Deux palmiers, seuls, dignes des plus beaux feu d’artifice, se dressent fièrement sur le sable. Ici peu de relief, c’est le domaine d’une végétation sèche et piquante. Seuls les oiseaux semblent habiter ici! Un pélican nous fait l’honneur de ses plongeons, les frégates, les fous, les mouettes, les sternes sont toujours d’actualité. Et nous restons scotchés par ce bleu, par cette plage parsemé de quelques jolis rochers pleins de petits crabes.

Derrière la plage nous remarquons de nombreux crottins et des traces de sabots. Ce sont des ânes, Pat les a entendu braire au petit jour. Mais nous avons beau pénétrer de plus en plus l’île, on ne verra ni la queue, ni les oreilles d’un seul de ces quadrupèdes. Ils nous feront l’honneur de braire pour nous signifier qu’en effet ils existent bel et bien, mais pas moyen de les voir!!
Cette ‘’chasse ‘’ à l’âne nous aura permis de bien distinguer les petits vallons que nous n’aurions jamais imaginé du large , l’île apparaissant plate…Les cactus sont géants ou bien tous petits pour accrocher les chevilles…l’herbe est aussi piquante, il y a quelques arbres pas très hauts, et deux perroquets verts s’envolent en criant et en nous abandonnant une de leur magnifique plume qui trône maintenant à bord de Fidji! Vert, jaune, rouge, une plume de rasta!

Mercredi 16 septembre, nous quittons La Blanquilla après une dernière baignade sur les coraux! Et un dernier tour sur la plage magnifique.
Notre régulateur d’allure Antoine à la barre, la nuit passe vite. Tout le trajet à la voile, une navigation superbe qui nous rassure totalement (comme si c’était encore à prouver) sur ses capacités.
Il aura barré les 120 miles (200km) tout du long, les voiles en ciseaux, (une voile de chaque coté du bateau, vent arrière = il faut barrer bien droit) sans jamais faire d’écart et empanner malgré la houle de 1 à 2 mètres qui nous faisait rouler. Le tout sans consommer 1 seul ampère!!

Nous tenons ici à lui rendre hommage, ainsi qu’à notre cher radar Morphéus, Dieu du sommeil (le mec de Morphée), qui grâce à son alarme nous permet de nous assoupir un peu la nuit et d’éviter les grains et autres orages très fréquents dans le coin…(surtout à la côte continentale, où l’altitude monte vite à 3000 mètres! On voit les éclairs tous les soirs, mais nous n‘en avons eu aucun sur nous…)…et nous montrer la route des quelques navires que nous croisons…


Déjà le soleil se lève sur jeudi 17, et nous darde de ses puissants rayons….Le taud reprend son rôle de protecteur: merci merci merci Olivier de nous l‘avoir donné! C’est une sacré chance ce cadeau! On pense à toi tous les jours!

Les Roques apparaissent, splendides, le top du top! À suivre….…




Gros Bisous à tout le monde!!!!!!!!


HASTA LUEGO!!