Sur la route de Bonaire 2ème partie Los Roques et Las Aves!

Salut à tous! Voila le récit de nos aventures aux Roques et aux Aves!

3. Los Roquès:
17 Septembre 2009, le choix, en arrivant de l’Est aux Roques n’est pas évident: passer par le Nord et ne prendre aucun risque, ou passer par le sud et rentrer dans l’immense lagon par la Boca de Sebastopol…En sachant que les cartes sont fausses et incomplètes, et que l’endroit est parsemé de centaines de patates de corail disposées par-ci par là et qu’il vaut mieux éviter de frotter avec Fidji.
Pat décide de prendre ce chemin tout de même, car…il faut bien prendre quelques risques si on veut vraiment en profiter…Et nous ne serons pas déçus!! Nous allons vivre un moment inoubliable!! L’eau est tellement claire que zigzaguer entre les patates est un jeu d’enfant….
Pour la première fois dans la vie de marin de notre captain, la carte marine n’est plus d’aucune utilité, voire dangereuse si on lui fait confiance! Il n’avait pas encore vu d’erreurs aussi énormes sur des cartes officielles…
Des cordages installés entre les haubans (les câbles qui tiennent le mât) permettent de grimper assez haut pour bien distinguer la route à suivre…..et faire d’innombrables photos…..
Les dangers apparaissent clairement, si bien que nous allons cheminer à la voile jusqu’au bout, moment inoubliable et magique sur cette mer intérieure toute plate!

Oh que c’est beau!!!! Oh ce bleu!!! C’est incroyable tant de variété de bleu. C’est indescriptible, et c’est magnifique! Nous sommes scotchés, vraiment!
Ici la Nature semble avoir décidé de se montrer plus belle, plus bleue…. Sous et sur les multiples ilots, tous couverts de palétuviers, la vie peut opérer sa magie sans difficulté, poissons et oiseaux peuvent se multiplier et grandir bien à l’abris de ces arbres protecteurs qui vivent dans l‘eau de mer.

Nous longeons toutes ces merveilles admirant également le vol des pélicans, des fous, des mouettes et des sternes… une tortue sort sa tête, les poissons sautent….Quel bonheur!

Cette réserve protégée est immense, environ 50 par 30 kms!!
Elle est parsemée d’ilots de tailles diverses, et protégée par la grande barrière de corail que nous longeons le jour de notre arrivée (presque 30km du Nord au Sud).
La plus grande partie des Roques ne voit jamais personne, très peu de gens se déplacent jusqu’ici et il y a une grande zone non cartographiée…
L’eau est très claire et offre des variétés de bleue absolument magnifiques que nos photos ne peuvent pas montrer aussi bien que nous le voudrions. Le turquoise est tellement vif qu’il se reflète sur les nuages.
Le secteur est sec, un petit grain de 10 minutes à peine en 18 jours aux Roques (pas une goutte aux Testigos ni a Blanquilla…), et venté (parfait pour la planche et pour chasser les moustiques)!

Nous avons fait 8 mouillages différents aux Roques, en navigant maximum 2 heures entre les iles, leur beauté nous a ébloui! C’est un paradis pour la voile et pour le mouillage!!

18 septembre: Lendemain de notre arrivée aux Roques. Voilà un an jour pour jour que nous avons quitté la Rochelle! C’est l’endroit inespéré pour fêter l’évènement!
Les Guarda Costas, gardiens de la réserve, Marcos et Julio, viennent nous voir…nous ressortons le dico franco-espagnol…
Ce sont deux hommes charmants, bienveillants et patients qui autour d’un café et d’un jus de fruits passeront quelques bons moments avec nous. Nous arrivons à nous comprendre un poquito! Ils vivent 45 jours dans la réserve et rentrent chez eux, à Caracas, la capitale du Venezuela, deux semaines retrouver leurs familles.
Ils nous proposent même d’aller nous chercher de l’eau avec nos bidons vides, c’est vraiment gentil! Muchas gracias!
Isa prépare une tarte au citron que nous partageons ensemble dans l‘après-midi. Là encore il nous faudra user du dico! Ils nous expliquent où aller dans la réserve et nous donnent quelques conseils..
Le lendemain, direction Gran Roque (30 minutes de route), la seule île ‘montagneuse’ et habitée des Roques.
Notre arrivée se fait à travers les pélicans et les embarcations des pécheurs. C’est la première fois que nous voyons autant de pélicans et ils plongent et plongent se remplissant le ventre de poissons et se protégeant des mouettes qui se serviraient bien directement dans leur bec et qui leur piquent la tête!

Nous longeons le ‘’terrain vague’’ de l’île à côté du village…et comme d’habitude, qui dit présence humaine dit déchets…!Ah cannettes en alu, bouteilles en plastique, etc, etc..! On n’est pas prêt de vous voir disparaitre! Que n’avons-nous pas été assez malins pour ne créer que du biodégradable. Quand ces visions apocalyptiques de décharges en plein air finiront-elles par réveiller la conscience de ceux qui les engendrent?
Nous grimpons en haut de la seule colline des Roques. Un ancien phare y tient encore debout. Nous découvrons l’immensité du lagon et ses couleurs envoutantes vue d‘en haut. Là encore nous sommes bluffés! Tous les bleus de la palette du peintre colorent le lagon, le vert de la mangrove y trouve parfaitement sa place et le sable blanc illumine les bords des îles exactement comme il faut.
Nous descendons en rejoignant la mangrove où là encore les déchets s’accumulent et où malgré tout deux hérons verts et un bihoreau violacé sont installés... Derrière la mangrove, en bord de mer il y a le petit aéroport et sa tour de contrôle genre lego.
Nous traversons le village pour y découvrir des belles ’’posadas’’ (auberges pour les touristes). Les rues sont de sable, fleuries et propres! (comme quoi, s’ils le voulaient vraiment les habitants de l’île pourraient tout nettoyer!)
Beaucoup de gens jouent à des jeux de sociétés: cartes, dominos, jeu de lettres… 3 bébés en couche culotte s’activent autour d’un camion siège, deux autres plus grands s’entrainent au base ball… une femme étend ses draps fraichement lavés…les machines sont d’ailleurs dans la rue.
Arbres fleuris, ibiscus, bougainvillier ont été planté pour donner au village encore plus de couleur, de gaité et d’ombre car cette île est très désertique, et son relief n’est que roches nues parsemées de cactus.
Quelques touristes sont là également, pour la plupart italiens…
Ils se font déposer sur les belles iles alentour par des barques rapides et y passent la journée sur les plages à buller sous un parasol avec une grosse glacière bien pleine, avant de se faire récupérer en fin d’après-midi pour rentrer dormir dans les posadas de Gran-Roque, plus bronzés que la veille.

Nous repartons le même jour pour Francisquis, un lagon dans le lagon! Un abris naturel magnifique, 3 ou 4 petites iles qui forment un cirque, avec au vent une très grande surface de sable où l’eau nous arrive à peine à la taille!
Génial pour la planche…Isa fait de son mieux photos et films pour la postérité….avec l’eau à la taille pour les gros plans…cool! Nous y passerons 2 jours superbes!

En quittant ce mouillage, nous quittons la zone “habitée” des Roques, pour aller plus a l’Ouest, là où on ne trouve plus que quelques rares bateaux et quelques touristes italiens sur les plages.
A Crasqui, nous serons 3 bateaux, mais espacés de bien 500 mètres les uns des autres tellement c’est grand.
Encore un super plan d’eau pour la planche a voile, avec des bords infinis à fond la caisse, surprenant même les fous de bassan et les tortues…YAOUUUUH…..

2 jours plus tard, comme d’habitude à contrecœur, nous partons, et naviguons 1h20 pour atteindre Sarqui.
Surprise! Elle est encore plus belle…pas possible…et ben si!!!
Juste à côté se trouve Espenqui, que nous visiterons en annexe, sa mangrove, son immense plage. Il y en a des kilomètres de plage aux Roques! Et des petits ilots toujours supers à découvrir à pieds ou à la nage…Les poissons sont nombreux et bien chez eux. Isabelle se fait presque éjecter de l’eau jusque dans l’annexe par un barracuda pas commode…

Déjà 9 jours aux Roques!! Ca file!! Nous commençons nos journées par une à deux heures de cours d’Espagnol, puis c’est baignade-balade-planche-sieste-lecture dans l’ordre et le désordre. Nous nous faisons un GROS et DELICIEUX petit dej vers 10heures et un GROS et DELICIEUX repas du soir vers 19h30 histoire de profiter encore plus de la journée. Le soleil au zénith offre la plus belle lumière sur les bleus des Roques, et nous ferons nos plus belles balades entre 10heures et 15heures…

Nous terminons la journée par un (ou deux!!) DELICIEUX Ti-Punch-coucher de soleil avec des cacahuètes grillées à l’ail, ou des popcorns, à tour de rôle dans le hamac! Le pied absolu!
Et ensuite, vers 21h30, ca ronfle sec à bord de Fidji!

Dimanche 27, à ’’Carenero’’, le mouillage suivant, nos voisins américains, de San Diego, viennent se présenter: Steve et Anne! Voilà déjà plusieurs mouillages que nous partageons ensemble depuis les Testigos sans se parler.. Ils naviguent sur Fine Line, un très beau catamaran presque neuf. Nous prenons l’apéro sur Fidji, ‘’punch coco’’. Ils ont deux grandes filles. Ils naviguent depuis 35 mois et ne sont rentrés chez eux que 3 mois. Il faut basculer le cerveau de l’Espagnol à l’Anglais!
Le mouillage de Carenero est super abrité, et très beau aussi. Il se prête bien à l’exploration en annexe!

Lundi 28, la seule journée couverte de notre séjour, Pat a passé la journée à repasser le câble du panneau solaire (il faut tout sortir, démonter et nettoyer dans la cabine arrière, jusqu‘au fond!), et ressouder la prise du convertisseur 12-19V de l’ordinateur.
Et le soir venu, après une bonne douche (2 litres!!), c’est nous qui allons sur Fine Line prendre l’apéro.
Leur bateau est vraiment magnifique!!!!!! Et d’une propreté éblouissante!
Steve est surnommé CaptainClean et ce n’est pas pour rien. D’après Anne, il a pris cette habitude lorsqu’il était pompier à San Diego et nettoyait son camion toute la journée…Et oui un camion de pompier, faut que ca brille, et «sous leur casque brillant….ils ont l’air…épatant vraiment»!!!!!!!!!
Nous passons une soirée sympa, en Anglais exclusivement!

Les jours suivants nous les passons à Elbert Cay, Bequeve, West Cay puis Cayo de Agua, tout à l‘Ouest des Roques. Nous y passerons encore quelques jours extraordinaires, dont la moitié complètement seul au mouillage. Au plus fort de l’affluence nous avons été 3 bateaux, nous compris!
Les plages sont immenses et magnifiques, en particulier une langue de sable d’une centaine de mètre où les vagues déferlent des 2 côtés, alors qu’on a l’eau aux chevilles, c’est super! Nous nous laissons prendre par les vagues venant se marier ici, et nous nous marions avec elles!
Nous y découvrons aussi pour la première fois un bébé fou de bassan encore tout duveteux qui suit son parent gauchement en se rééquilibrant avec ses ailes… c’est très drôle et émouvant.
Il y a aussi le cocotier d’où Pat va réussir à faire tomber 3 noix avec une grande perche! Plus loin, des véritables petites oasis, regroupement très serré de buissons et palmiers. Autour de ces oasis, des trous creusés dans le sable racontent l’histoire des amérindiens qui venaient là pour chercher de l’eau douce, qui est toute proche de la surface de Cayo de Agua (d’où son nom), alors qu‘ils étaient en campagne de pêche.
L’île est beaucoup plus verte que les autres, cette eau est toujours présente, mais surement plus profondément qu‘à l‘époque...
2 aiglons, appelés aussi balbuzard pêcheurs, volent le soir non loin de Fidji et nous les admirons avec émotion, ils peuvent faire 2 mètres d‘envergure…Nous verrons aussi pour la première fois un flamand rose…
Il y a aussi les plus gros poissons perroquets vu jusqu’à présent, au moins 1 mètre de long! Mais aussi les plus gros barracudas… et là pas la peine d’insister, on ne les regarde pas en détail, on les fuit!
Nous aurions pu rester encore longtemps dans ce paradis, mais…….Nous levons l’ancre, hissons la voile, un matin et très émus, nous quittons les Roques….à contrecœur!

4.Las Aves
Et nous arrivons en quelques heures aux Aves! (oiseaux en espagnol). Il s’agit de deux grands lagons, Aves de Barlovento et Aves de Sotavento (au vent et sous le vent) encore moins fréquentés que les Roques, avec encore des dizaines de mouillages à découvrir/explorer.
L’île auprès de laquelle nous allons mouiller est couverte de palétuviers immenses abritant des centaines de fous de bassan et leur bébés! Ils sont nichés dans les arbres et c’est surprenant de voir ces palmipèdes posés sur les branches!
Les fonds sont toujours aussi clairs et nous sommes bien à l’abri. Nous longeons la mangrove avec l’annexe. C’est génial! Mais au bout de l’île toujours ces déchets déposés par l‘Océan…

A Sotavento, nous allons signaler notre présence à quelques gardes côtes stationnés ici (ils semble tous fort jeunes…). Ca se passe bien, et nos cours d’Espagnol portent leurs fruits, juste un papier à remplir comme quoi nous sommes en transit et allons bientôt quitter le territoire.
Nous pourrions encore rester longtemps comme ca, en transit dans les eaux Vénézuéliennes, la plupart des douaniers doivent avoir pour consigne d‘être tolérants avec les plaisanciers n‘ayant pas fait les formalités, en principe obligatoires…Bravo!
Ensuite, nous allons nous enfouir dans la mangrove avec Fidji, chose qu’on ne peut faire que si le vent est fort, car sinon on a la visite des moustiques! Et là, justement la mer est agitée, une onde tropicale est en train de passer et nous sommes bien à l’abris dans la mangrove! Merci le guide nautique de Chris Doyle pour ce chouette mouillage bien abrité! Ailleurs ca doit beaucoup tanguer/rouler!!

Au moment du départ, nous nous persuadons de revenir pour notre deuxième tour du monde…
C’était un mois tellement magnifique…..et beaucoup, beaucoup trop court!
Prochain arrêt, Bonaire…

Le vent est soutenu, la mer agitée, Fidji file 8 nœuds à la voile, et nous aurons encore une fois la visite des dauphins! Cette fois ils ne se contentent pas de jouer avec la vague d’étrave, ils sont une trentaine et arrivent dans tous les sens et sautent comme des fous dans les vagues! Ils surfent, font des plats, tournent, c’est génial, ils nous offrent pour la première fois ce spectacle d’une demi heure que nous n’oublierons pas de si tôt!!

Que de souvenirs!!!
Nous sommes impressionnés par tant de beauté. Depuis que nous naviguons nous avons eu bien des surprises quand à la maitrise artistique de la nature. Tous ces miles parcourus dans l’océan à la rencontre de toutes ces îles différentes les unes des autres…les Canaries, le Cap Vert, les Antilles, les îles Vénézuéliennes dont les Roques et Aves, et aujourd‘hui les ABC d‘où nous écrivons ces lignes..

On pourrait penser qu’il n’y a rien de bien différent. Les plages se succèdent, les rencontres avec les oiseaux, les poissons autour des coraux ne pourraient être que répétition, que du déjà vu, mais bien au contraire!! Chaque endroit nous comble de son charme personnel. Chaque mouillage nous permet de découvrir encore quelque chose, chaque navigation nous permet de découvrir la palette infinie des bleus, des turquoises, des émeraudes, et le ciel, et le Soleil et la lune et les étoiles participent sans économie!

Nous sommes gâtés, comme si toute la nature voulait qu’on sache et que l’on témoigne de sa beauté!
Ce sentiment d’être parfaitement adopté par les éléments nous fait grincer les dents quand sur les plages les déchets de notre humanité s’accumulent, tout en représentant un danger de mort pour les animaux qui veulent y goûter par curiosité.
Il nous semble que le comportement humain est le seul à gâcher la beauté, l’harmonie et la pureté de ce qui nous entoure. C’est décidé, peu importe le candidat, dorénavant nous voterons pour les verts, rien que pour le principe.
Pas de politique nous direz vous? Et bien si….politique!!

Allez, on rigole, votez ce que vous voulez …

On vous embrasse fort, et on vous prépare un mot sur les iles ABC!!!

A bientôt!