Curacao, Aruba....

Salut a tous!!!!

Voila la suite du récit de nos aventures, nous sommes bien arrivés en Colombie, Carthagène, d’où nous écrivons ces lignes.
A suivre très bientôt “la route de Aruba a la Colombie“, puis nous vous préparons un texte sur l’étonnante ville de Carthagène….
Mais tout d’abord revenons sur……..Curaçao:

L’escale de Bonaire prend fin, et nous reprenons la route maritime vers Curaçao, la deuxième des îles néerlandaises sur notre route.
Jeudi 15 Octobre, nous levons l’ancre à 7h pour rejoindre Klein Curaçao. C’est une petite île inhabitée proche de Curaçao (environ 6 MN ou 10 km), qui permet aux locaux de venir s‘y prélasser une journée.
Notre navigation de quelques heures se passe à merveille, sous spi!!!! Youpi! Il n’avait pas pris l’air depuis l’Atlantique! Derrière nous, nous suivent nos nouveaux amis sur ’’Larès’’.
La plage est belle et les fonds comme à Bonaire nous offrent un magnifique et vertigineux tombant. Nous nous baignons longtemps, et sommes presque seuls au mouillage….
Nous visiterons l’île en début de soirée, quand le soleil donne moins fort. Elle est toute plate et corallienne. Sur la plage, de magnifiques abris en feuilles de cocotier sont ouverts aux touristes. Certains ressemblent à de grands parasols, d’autres possèdent une terrasse surélevée...
Des maisons fermées et un peu laissées pour compte ne sont ni accueillantes ni repoussantes, on les croiraient suspendues dans le temps en attente que quelque chose ou quelqu’un leur redonne vie.
Un phare toujours en activité mais plus ou moins en ruine surplombe cette galette.
La côte au vent est encore jonchée de déchets, mais il y a aussi 3 épaves dont un beau voilier français…
Le lendemain matin, l’hélicoptère des gardes côte nous a survolé de près, nous rappelant ainsi qu’on n’était pas vraiment en règle puisqu‘il faut aller en ville à la douane signaler notre arrivée.
Ils surveillent activement la côte! Et chaque déplacement de navire, même si c’est de seulement 100 mètres, doit faire l’objet d’une demande préalable officielle.
Nous nous rendons donc dans LE mouillage de Curacao, Spanish Water, un des plus abrités de toute la mer des Caraïbes, des centaines de bateaux nous y attendent.
L’arrivée est surprenante.
Il faut tout d’abord bien longer la côte et ouvrir l’œil car l’entrée est discrète. Ensuite nous longeons un bras de mer assez étroit avec au Sud un golf couvert d’arrosage, des immeubles « cages à poules » en construction, un long ponton flottant où il est interdit d’accoster, et plus loin de luxueuses villas….et au Nord la nature libre et intacte de l’île, à savoir rochers et plateaux, cactus et buissons et une faune à plume très variée.
Puis la baie s’ouvre à nous, elle est immense! Les mouillages disponibles y sont délimités, et appelés A, B, C et D, chacun avec ses avantages et inconvénients! Il faut bien choisir, car pour changer de mouillage il faudra aller en ville demander l’autorisation! Quelle rigueur…. Ca nous fait sourire …
Comment ça se passe ici? Pleins de questions nous assaillent (comment se connecter sur internet, aller en ville, faire les courses, etc….)
Pat se rend donc sur le bateau français le plus proche, comme par hasard celui où un pavillon Breton flotte dans la mature! C’est ainsi que nous allons rencontrer notre nouveau copain Yannick, naviguant 6 mois par an à bord de Ti-Yann, son voilier de 10m, et sur la même route que nous.
Il va nous expliquer tout ce qu’il faut savoir, et Spanish Water va ainsi devenir un mouillage de courses, de bricolage et d‘internet.
Nous n’avons pas très envie de nous baigner dans cette eau stagnante, mais le coté pratique (bonne connexion internet, grandes surfaces de bricolage, etc…), l’abris parfait en cette fin de période cyclonique, et les nombreux orages que l’on voit la nuit au dessus de la côte Colombienne toute proche, nous incitent à rester un peu.
Ici les mouillages sont pleins. C’est un passage presque obligé sur la route de Panama, et le mois de Novembre est le plus recommandé pour cette route……nous nous retrouvons donc près d’Aquarius, que nous avions connus en Martinique, de Cercamon, de Larès,…..et beaucoup d’autres croisés depuis Grenade ou même avant.
Le moyen de transport ici, c’est le bus. Les horaires sont plus ou moins respectés, et il ne faut pas avoir peur de rentrer dans un frigo car la clim’ marche à fond, mais on y arrive…Les supermarchés organisent aussi des navettes gratuites pour se rendre chez eux, et ça c‘est pratique!

Dès le lendemain de notre arrivée, nous nous rendons à Willemstad, la capitale de Curaçao pour effectuer ces fameuses formalités. Cela va nous prendre toute la matinée, car il faut se rendre dans 3 endroits différents, mais comme cela nous permet de découvrir la ville ce n’est pas si grave….
Willemstad est très colorée. Tout rappel l’Europe du Nord.
Un pont flottant permet de rejoindre les deux rives de la ville. Il date de 1888 et fonctionne aujourd’hui parfaitement après avoir été rénové. Il s’ouvre donc pour laisser passer tous les bateaux qui se présentent à l’entrée, aussi bien le petit voilier que le grand paquebot ou encore le cargo, le pétrolier, le yacht de luxe…..Au loin derrière la ville ceinturé d’un périphérique, on aperçoit les immenses raffineries, Curaçao et Aruba s’étant spécialisées dans le raffinement du pétrole Vénézuélien, très gros producteur.
On peut s’assoir à une terrasse et boire un verre (cher, bien sur) tout en regardant le passage de très près de ces énormes pétroliers. Original…
Des navettes gratuites sont à disposition des piétons qui voudraient traverser pendant l‘ouverture du pont flottant.
Nous trouvons un « salon de glaces » Häagen-Daas, quel bonheur!
Nous retrouvons tous les magasins nécessaires au bon petit Occidental trop riche, avec des Rolex, Converse (« you are the Converse century »), Levis, Naf-Naf, Breitling, Calvin Klein, etc……Les rues piétonnes regorgent de magasins, et en passant devant leurs portes ouvertes, on sent un grand courant d’air froid, car il fait 10 degrés de moins à l’intérieur…

Nous découvrons aussi un nouveau style de marché, les bateaux venant du Venezuela chargés de superbes fruits, légumes et poissons sont à quai. Ils disposent des étales sur environ 200 mètres où l’on peut faire ses achats à des prix tout à fait corrects (2 ou 3 fois moins chers qu’en France)……
Un autre marché rond nous dévoile ses trésors: en fait on trouve de tout: de la crème pour les pieds, des CDs, de la potion magique, des bibelots, des épices etc…

Puis il y a la « cantine », tout en longueur, on y trouve une dizaine de concurrents proposant leur cuisine de tous styles, repas copieux et très bon marché! Et tout est prêt, nous sommes servis en 2 minutes.

Une autre fois, nous allons visiter l’aquarium de mer où l’on peut nager avec les dauphins…c’est assez cher, nous restons donc au bord de l’eau, et nous espérons que ces braves animaux auront une retraite convenable… nous admirons les otaries mais leurs allers-retours dans leur petit bassin ne nous font pas vraiment rêver.
Les hôtels alentours sont de haut standing, avec gardes, caméras de surveillance et tout, cette débauche de luxe pour riches Hollandais n‘est pas vraiment pour nous non plus.

Nous allons également visiter un musée, ‘’Kura Hulanda’’, qui se trouve au sein d‘un ensemble hôteliers de 65 bâtiments. Cet ancien quartier colonial hollandais est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ici s’effectuait le commerce des esclaves venus d‘Afrique, entassés dans les calles des navires Européens. Les salles sont riches en collections d’art africain et aussi en objets de torture ayant servis à cette traite sans merci.…Nous avons appris encore beaucoup!

Hormis ces balades, il faut dire que nous allons consacrer la majorité de notre temps dans les supermarchés et magasins de bricolage!
Ces derniers sont très européens! La bière belge, les fromages français, italiens ou hollandais…en gros il y a de tout comme à la maison. Mais attention! c’est la course dans le supermarché car on ne dispose que d’une heure pour tout faire avant que la navette ne nous ramène.
Comme on ne sait pas ce que nous allons trouver ensuite, nous faisons le plein pour tenir le plus longtemps possible. Isa n’avait jamais fonctionné comme ça auparavant, et ce stockage de masse la surprend encore, malgré tous les efforts de son capitaine pour lui expliquer que dans le Pacifique on ne trouvera plus tout ça.
Nous trouverons des beaux bocaux pour conserver viande et poissons que nous avons bien l‘intention de pêcher.
C’est parti pour une folle journée de cuisine…Viande nature, bolognaise, et bourguignon…Isa a elle-même l’impression de rentrer dans les bocaux…
Mais quel bonheur de manger un bourguignon au milieu de nulle part!! Et le tout sans frigo! Peu de gens comprennent comment on peut se passer de frigo, et pourtant, c’est si simple! Comment faisait on avant? Plus grand monde ne se pose la question, mais c’est un grand luxe énergétique! Le froid représente autour de 80% de la consommation d’énergie sur un bateau….

Spanish Water, c’est aussi l’escale lessive, et on en profite pour dessaler nos banquettes…
Mais l’escale technique c’est aussi:
Réparer les réas (poulies servant à hisser et affaler la grand voile) qui sont coincés en tête de mât, (Pat passera 2h30 tout en haut du mat en plein soleil), remettre le pilote électrique à neuf, vidanger l’embase du moteur de l’annexe, remettre un joint à la pompe des toilettes qui fuit, renforcer par des sangles les tauds nous protégeant de la pluie et du soleil…etc…Donc pendant cette escale, pas le temps de chômer… et oui, c’est pas rien la préparation et l’entretien d’un bateau pour le grand voyage!

Heureusement, nous prenons un peu de temps aussi pour nous promener, et visiter les alentours de Spanish Water.
Nous voyons des perroquets, des échasses, des balbuzard pêcheurs et les paysages rocheux sont beaux. Pas de forêt tropicale ici, nous retrouvons la végétation toujours très piquantes et économe en eau. On serpente comme les routes à travers ces espaces, on découvre une ancienne léproserie, on visite un petit château qui devait certainement être construit là pour protéger l‘île des envahisseurs, on y trouve encore les canons derrière les créneaux…ce sont des moments importants car Isa a la bougeotte et ces balades lui sont indispensables.
Il s’agit de petites routes goudronnés sur lesquels on vient courir, faire du vélo, promener son chien, ou manger son MacDo dans sa voiture en regardant la mer. (le sols est jonché de souvenirs de Mac Donalds et des autres pique-niques).
Mais on vient aussi y abandonner sa vieille bagnole, y jeter ses vieux pneus, y vider ses poubelles….Nous revenons parfois dégoutté de nos balades.

Bref, après 20 jours passés sur l’île, nous nous réjouissons vivement à l’idée de reprendre la route….et de nous baigner….La météo est bonne, nous devrions naviguer jusqu’à Carthagène (Colombie) en toute sécurité! C’est presque la fin de la saison des orages Colombiens, et bientôt le début du retour des puissants alizés venus de l‘Atlantique…Entre ces 2 périodes, de mi-novembre à mi-décembre, la route le long de la côte Colombienne, redoutée et connue pour ses vents très forts et ses mers très formées, offre souvent la possibilité de naviguer dans le calme….A condition de bien choisir son moment, ou sa fenêtre comme on dit…
C’est pourquoi les voiliers partent souvent par vague, dès qu’ils estiment que c’est le bon moment et qu’ils sont prêts…VAMOS!!!!
Alors, même sans le vouloir, on se retrouve dans un groupe de bateaux, tous sur la même route…
En tous cas, tout est prêt pour une nouvelle aventure, nous avons bien allégé la liste de choses à faire, le reste se fera à Carthagène.
Vendredi 6 novembre, nous levons l’ancre, retrouver la pleine mer nous ravit, Fidji est heureux de glisser dans une eau plus claire et file bon train à la voile le long de la côte de Curaçao. Nous doublons Willemstad et ses impressionnantes raffineries, et en 5 heures, rejoignons la Baia Santa Cruz (avec l’autorisation préalable bien sûr), mouillage au nord de Curaçao, où nous rejoint Yannick.

Nous nous jetons à l’eau sans hésitation! Enfin!!! Nous rejoignons la plage à la nage. Elle est jolie, avec un petit restaurant, une douche et quelques abris de plage.
La crique est assez protégée mais ça doit rouler pas mal par houle de Nord- Est.
Sous le bateau, la flore habituelle de gobelets en plastique et autres déchets divers…Mais, en longeant la petite falaise vers le sud, nous découvrons avec surprise des fonds très beaux, du corail vivant, une eau extrêmement claire et une multitudes de poissons…Nous passerons au moins la moitié de ce Samedi à barboter…

Dimanche 8 Novembre, anniversaire de Papa Belliot, il est 6h, nous levons l’ancre pour Aruba, dernière îles des Antilles néerlandaises. Nous pêchons un beau tazard qu’Isa met rapidement en bocaux : 6! Voilà du poisson pour quelques semaines!!!! La navigation se passe à merveille!
Nous ne voulons pas rester à Aruba, juste passer une nuit « en fraude », c’est-à-dire sans passer par les douaniers, au mouillage près de l‘aéroport.
Notre arrivée se fait en longeant d’imposantes raffineries puantes et fumantes. Ce qui est rigolo c’est la dizaine d’éoliennes que l’on aperçoit derrière (surtout quand on pense à ceux qui n’en veulent pas pour des raisons esthétiques, comparons…).
Pour accéder au mouillage de l’aéroport, il y a 2 entrées, nous longeons tout d’abord une décharge, puis la piste, à une centaine de mètre à coté, et assistons à un décollage en gros plan. Arrivés en bout de piste, il faut passer entre les feux dans l’eau! Ce qui fait qu’en atterrissant les avions passent juste au dessus de nos tètes dans un vacarme assourdissant, alors ça c‘est une expérience!
Puis, une fois au mouillage, les atterrissages , décollages se succèdent. Sympa au début, cela prend rapidement la tête…Impossible de rester là, heureusement qu’ils s’arrêtent la nuit!

La météo confirme sa fenêtre et nous sommes d’accord pour lever l’ancre dès le lendemain.
Aruba nous laissera juste le souvenir d’un trafic aérien imposant et d’un mouillage à nouveau bien rempli.
Et voilà : Bonaire, Curaçao et Aruba , les trois îles néerlandaises des Antilles sont derrière nous.
Et pour la première fois depuis le Portugal, Fidji se rapproche à grande voile d’un continent.
Et pas des moindres! Le continent Sud Américain.
Juste encore l’île de Montjes pour une halte sur le parcours…que nous vous raconterons très bientôt!!

Gros Bisous à tous!!!!!!