De Aruba à Carthagène, nos premiers pas en Amérique du Sud partie 2!!

Les 5 baies, près de Santa Marta en Colombie, suite et fin du récit de ce trajet entre Aruba et Carthagène:

Nous entrons et jetons l’ancre dans une anse juste avant la première des 5 baies. Nous sommes seuls, pas un chat à terre non plus. Nous nommerons cet endroit ’’la crique du premier pas’’, car c’est ici que nous posons pour la première fois le pied en Colombie et donc en Amérique du Sud!!!!
L’émotion est grandem notre bonheur d’égale intensité. Elle est heureuse, il est heureux, nous sommes heureux! C’est comme ça que nous apprécions le plus la conjugaison!
Ici aussi les fonds sont peuplés de très jolis poissons et la baignade est délicieuse. L’eau est presque trop chaude. Et l’après midi se passe en toute harmonie. Sur la plage sont construits de luxueux abris de plage que nous n’oserons pas visiter.

Le lendemain, nous changeons de baie, pour aller à la 3ème, Guairaca. Avant d’y aller, nous allons pénétrer profondément dans la première, Baia Cinto. C’est beau, vertigineux, grandiose, et l’homme semble minuscule dans cette nature surdimensionnée. Tout est grandissime, mais tout est calme!
Les maisons en éléments naturels sont en harmonie avec le paysage. Il est parfois difficile de décrire ce que l’on ressent, comment l’on perçoit les choses, comment on les voit, et là on ne trouve pas les mots qui illustreraient comme nous le ressentons tout ce qui vit et règne autour de notre bateau.
Nous coupons carrément le moteur pour nous laisser envouter par ce calme, par la douceur des parfums des sèves tropicales, par ces montagnes riches de végétations… par l’activité des hommes sur la plage…puis, nous reprenons doucement la route vers la troisième baie avec l’espoir d’être retenu ici par on ne sait quoi…
Mais, apparemment, le mouillage n’est pas autorisé ici, quelque riche propriétaire en aurait décidé ainsi, les bateaux qui jettent l‘ancre ici se font virer…? Combien faut il pour posséder une baie comme celle là?

Bref, comme disait Pépin, après cela nous arrivons dans la Baia Guairaca, à priori la plus abritée des 5. Là encore, l’immensité du décor nous déséquilibre, et nous finirons par mouiller devant de jolies casas où quelques enfants se baignant nous accueillent avec des grands Ola!
Nous sommes seuls dans cette baie dans la baie, à l’Ouest de Guairaca, tous les autres voiliers étant réunis à l’Est. Ils vont peut être nous prendre pour des asociaux de Français, mais nous avons plus envie de contacts avec les Colombiens qu’avec des occidentaux…Soif de découvertes et curiosité sûrement...
Isabelle enfile vite palmes et tuba pour rejoindre les enfants. Quatre fillettes et un jeune garçon entreprennent de lui servir de professeurs d’Espagnol, et c’est à la plage avec eux qu’elle va passer le plus de temps de cette escale. Ses jeunes profs sont d’une grande patience et ce contact avec la Colombie nous ravit. Ils sont en vacances pour quelques jours dans leur « maison de campagne », étant de Santa Marta la grande ville non loin. Ils nous font visiter leur superbe logement, et nous présentent leurs parents.
C’est rigolo, la maison n’a que des cloisons pour séparer les pièces, pas de murs extérieurs! Une grande et moderne cuisine qui ferait rêver Maman Belliot, une pièce spéciale télé, un étage avec des lits entourés de moustiquaire…
Nous leur ferons visiter Fidji, où ils gouterons goulument les crêpes d’Isa ! Fidji leur a beaucoup plus et il s’est laissé photographier sous toutes les coutures!
Guairaca restera longtemps un grand moment pour nous! Nous y avons pris notre premier café colombien, la chaleur humaine et l’hospitalité y a été mémorable!
Mais il faut à nouveau reprendre la route car c’est à Carthagène que nous allons pouvoir reprendre contact avec nos familles et ça fait déjà longtemps que nous naviguons sans prendre/donner de nouvelles. Notre ami Yannick nous prêtera son téléphone satellite Iridium afin de pouvoir communiquer quelques précieuses minutes. C’est là que nous prendrons la décision définitive d’en acheter un sous peu!

le passage redouté
Sur la route des ABC à Carthagène, il y a 3 caps redoutées qui peuvent être très dangereux. 2 d’entre eux sont derrière nous, Punta Galinas et Cabo de la Vela, mais le plus dur est encore devant nous.

Le fleuve Magdalena parcours toute la Colombie (2 fois la France), descends de sommets de 6000 mètres, traverse forêts denses et grandes villes avant de venir se jeter dans la mer des Caraïbes. Il charrie entre autre beaucoup d’arbres entiers ou en morceau! Gros dangers pour la navigation! Mais ce n’est pas tout, quand le vent et le courant général d’Est vient s’opposer à l’entrée colossale de l’eau du fleuve, la mer devient bouillonnante, grosse et courte, tout ce qu’on déteste. L’eau boueuse empêche de voir les dangers et la cerise sur le gâteau, les cargos immenses entrent et sortent de la rivière sans beaucoup se soucier du microbe flottant que nous sommes.
Vous comprendrez donc que Pat prennent toutes les précautions. Quand un message Navtex (météo) nous indique que le vent va bientôt forcir, il dit : « on part cette nuit ». Avanti!

3h du matin, nous levons l’ancre, et à peine partis nous sommes poursuivis par un orage…il ne nous rattrapera pas, mais le vent ne tombera pas non plus et c’est à une moyenne de 8 nœuds que nous allons naviguer. Les reliefs très montagneux offrent aux vents de superbes toboggans où ils se laissent glisser avec joie! Ici, plus encore qu’ailleurs, il faudrait être fou ou inconscient pour ne pas tenir compte et de la météo et de l‘expérience des anciens!

Vers 9h00 du matin nous arrivons à l’embouchure du fleuve, avec les gratte-ciels de la ville de Barranquilla au fond. Il faut passer, pas le choix….
A cette heure le vent est censé être plus calme, d’où ce départ matinal.
Et effectivement ça va, on sent bien que ça bouillonne, mais ça va. L’eau devient opaque, c’est presque effrayant, le sondeur débloque et indique parfois des absurdités qui ne rassurent pas (quand il indique 1m50 de fond alors qu’on est sensé en avoir 20...). Nous allons être obligé de réduire les voiles, car Fidji va toujours très vite, et une collision avec un arbre pourrait couter cher. Nous croisons quelques bien grosses souches et ne quitterons pas la veille pendant 2 heures pas rassurantes du tout.
Il nous faudra attendre le retour d’ une eau de couleur plus habituelle pour nous détendre enfin. Le plus dur est fait! Ce passage est classé parmi les plus durs à naviguer autour du monde et nous sommes passés dans de bonnes conditions! Nous n’osons pas imaginer le bouillon d’écume lors d’une tempête.

Nous faisons halte vers midi à Punta Hermosa, nous sommes le seul bateau. Une bonne nuit devrait nous permettre de rejoindre Carthagène frais et dispo…une bonne nuit???…C’était sans savoir où nous étions vraiment!

En fait nous sommes à Puerto Velero! La baie s’agrandit d’années en années à cause des dépôts de la Magdalena, et les cartes ne montrent qu’un embryon du super abris que nous découvrons ce jour là.
Le bateau est complètement à plat dans 3 mètres d’eau boueuse. Il ne bouge pas, malgré les 25 Nœuds de vents établis…Serait-ce un bon endroit pour ressortir la planche, dans sa housse depuis les Roques?
Mais que voit on là sur la plage? On dirait des planches à voile? ET OUI, nous sommes tombés par hasard sur une école de kite-surf et de planche à voile ouvert par un ancien champion du monde. Leur site internet,
www.nauticavelero.com.
On nous avait annoncé un mouillage très moyen bourré de moustiques, mais, apparemment, il y avait trop de vent pour eux lors de notre passage.
Pat se retrouve vite à faire la course à fond en planche avec les moniteurs du club.
Nous faisons la connaissance de Martyn, Andrès, Javier, Maria, Carlos, Claudine, et de 3 Allemands qui sont là en vacances pour entre autre apprendre le kite….Le matériel est tout à fait satisfaisant, et des dizaines de planches à voile tous niveaux sont prêtent à naviguer. Le week-end, nous seront une 20taines de kites et de planches à nous croiser sur l’eau!!!!!!!! C’est tellement inattendu!
Nous feront même un feu sur la plage pour une soirée en 4 langues!!!
Tous les voiliers de Guairaca finissent par arriver aussi, et nous ne serons vite plus seul au mouillage.

Yannick aussi nous rejoint, et c’est avec lui qu’Isabelle visite les environs…(pendant que Pat fait ses aller-retour en planche)…La plage totalement recouverte de troncs en tous genre sur des kilomètres: tous le bois déversé par la Magdalena et bien sur, tous les déchets possibles et imaginables. Puis le village proche : Puerto Colombia. L’activité règne partout, chacun s’affaire dans son échoppe, son petit restau, avec sa carriole attelée à un âne, ou un cheval trop maigre. Les fruits sont délicieux, l’ambiance est bon-enfant. Il fait très chaud et c’est dans des bus bondés que nous avons fait le trajet. Les bus ici, ce sont de vrais théâtres: les rideaux, les fauteuils, les objets de déco (petites voitures ou peluches de foire), tout est assorti! Les gens à l’intérieur sont très curieux et la conversation se fait naturellement, même avec notre pauvre Espagnol, qui s’enrichit de jour en jour quand même!

La générosité de Martyn nous permettra d’envoyer nos mails, et nous irons même faire une escapade en moto taxi jusque chez sa maman pour nous connecter à nouveau.
Là nous serons royalement accueillis et nous nous régalerons du jus de goyave frais et du repas préparé pour nous. Jusqu’au merveilleux dessert!!!!
Gracias por todos!!!! C’est dur de quitter cet endroit, mais le jour du départ, le vent est très faible, les moustiques arrivent, alors, quand faut y aller, faut y aller! Plus qu’un jour de mer, ce soir nous dormirons dans une ville de plus d’un millions d’habitants, Carthagène des Indes!!!

Gros bisous, et à bientôt!!